« Je ne veux pas jouer, je ne veux pas non plus regarder les autres jouer. Je ne veux pas pousser les autres à jouer. Les gens ne peuvent pas dire quelque chose et faire comme s’ils vivaient. Je ne veux pas voir se refléter une fausse unité sur le visage des acteurs, celle de la vie. Je ne veux pas voir la méca-nique de ce muscle « bien huilé » (Roland Barthes) de langage et de mouvement, « l’expression » -comme on dit- d’un acteur professionnel. Voix et mouvement associé, je ne veux pas voir. Au théâtre aujourd’hui, quelque chose est dévoilé, comment, on ne le voit pas, car les ficelles sont tirées par derrière. On cache la machinerie, on entoure l’acteur d’accessoires, on l’éclaire et il déambule. Parle. Bêtement l’acteur imite un être humain ! – il a toute une gamme d’expressions et il extirpe de sa bouche une autre personne dont il étale le destin. Je ne veux pas insuffler la vie à des étrangers devant les spectateurs. Je ne sais pas mais je ne veux pas de ce parfum sacré du divin, de cet éveil à la vie. Je ne veux pas de théâtre. »
Elfriede Jelinek, Je voudrais être légère
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