« On me présente avec le titre de poète. Un monsieur, évidemment diplomate espagnol ou portugais, me demande : « Quel genre de vers ? – Triple imbécile, un genre qui n’est pas pour toi », et j’ai envie de crier, et poliment j’explique en me peignant devant la glace ce que je pense être la poésie du monde. »
Journal, 1919
« Je suis plus orageuse que l’orage, plus sensuelle qu’un char lunaire, plus méchante et brûlante que Satan. »
Journal 1920
« Aller au-devant, rompre, ne rien admettre, détruire et rejeter tout ce qui, même de très loin, menace une seconde l’indépendance, voici mes lois. Ce n’est pas exactement une politique de conciliation, c’est exactement une révolte. Je ne mangerai pas de votre pain. Je serai abracadabrante jusqu’au bout. »
Journal, 1922
Les textes de Mireille Havet sont édités aux Éditions Claire Paulhan
http://www.clairepaulhan.com/auteurs/mireille_havet.html
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L'émission de France Culture sur Mireille Havet
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L'article du Monde : "Mireille Havet, l'enfant perdue ressuscitée"
Mireille Havet [de Soyecourt] (Médan, 4 octobre 1898 - Montana, 21 mars 1932) : ses amis – Paul Fort, Guillaume Apollinaire (qui l’appelait la « petite poyétesse »), Colette, Edmond Jaloux, Natalie Barney et Jean Cocteau – favorisèrent la publication de ses poèmes (dans Les Soirées de Paris, 1914 ; Le Mercure de France, 1916), de ses contes fantastiques, La Maison dans l’œil du chat (G.Crès, 1917) et un roman à clé, Carnaval (Albin Michel, 1923)… Ce qu’ils ignoraient, c’est que Mireille Havet rédigea, de 1913 à 1929, un extraordinaire et monstrueux Journal, dans lequel elle décrit sa « vie de damnation », une vie de guet et d’attente, de songe et d’outrance, une vie aimantée par son « goût singulier » pour l’amour des femmes et les stupéfiants. Le fin critique Edmond Jaloux – évoquant sa brève existence et celles de Jacques Vaché, Raymond Radiguet, René Crevel, Emmanuel Faÿ et Jacques Rigaut – les réunissait dans une même génération littéraire qui, « refusant les conditions communes du monde, se jetèrent dans une aventure de caractère absolu, qui les conduisit à une mort précoce ».