L'Enfer préventif

Mireille Havet

Textes Mireille Havet
Avec Perle Palombe
Scénographie James Brandily
Lumières Iris Julienne
Régie générale Victoire Sébrier
Mise en scène Mirabelle Rousseau
Dramaturgie Yannick Bouquard et Muriel Malguy
Costumes Brice Wilsius
Création son Kerwin Rolland
Assisté de Mathieu Choux
Production Estelle Lesage
Photos Hervé Bellamy

Les textes de Mireille Havet sont édités aux Éditions Claire Paulhan
Le site de l'éditrice Claire Paulhan

Durée du spectacle : 1 h

L'Enfer préventif

Mireille Havet

Textes Mireille Havet
Avec Perle Palombe
Scénographie James Brandily
Lumières Iris Julienne
Régie générale Victoire Sébrier
Mise en scène Mirabelle Rousseau
Dramaturgie Yannick Bouquard et Muriel Malguy
Costumes Brice Wilsius
Création son Kerwin Rolland
Assisté de Mathieu Choux
Production Estelle Lesage
Photos Hervé Bellamy

Les textes de Mireille Havet sont édités aux Éditions Claire Paulhan
Le site de l'éditrice Claire Paulhan

Durée du spectacle : 1 h

De Mireille Havet, il restait peu de textes édités : La Maison dans l’œil du chat et Carnaval, qui avaient marqué ses contemporains dans les années 1920. Mireille Havet a pourtant connu Apollinaire, Cocteau, Colette, frayé avec tout ce que le milieu littéraire parisien comptait de personnalités artistiques, mais elle-même, sans œuvre étendue, autrice de publications trop fugaces, n’avait pas laissé de trace durable. Ce n’est qu’en 1995, par un hasard, que la petite-fille de sa meilleure amie comédienne Ludmila Savitzky, découvre dans le grenier d'une maison de Touraine, à la faveur d'une fuite dans le toit, un vieux sac en cuir renfermant ses carnets, son journal et sa correspondance.

Passé entre d’heureuses mains, confié à l’éditrice Claire Paulhan, ce journal monstre nous parvient presque entier, avec ses aspérités et ses fulgurances. Ce qui était resté invisible, ce “jamais-lu”, est une révélation littéraire et un espace de liberté, d’intuitions, de tentatives poétiques. Ces carnets écrits sans retenue, la poétesse les a emporté partout, gardé près d’elle, et confié à une proche avant son départ au sanatorium Suisse ou elle mourra en 1932. C’est cette chaleur que nous sentons en lisant ces pages, cette brûlure ; ce 'Journal' est pour Mireille Havet comme une seconde peau.

L’espace du récit autobiographique devient cet “enfer préventif”, dans lequel Mireille Havet alterne ardeur à l’écriture, désespoir sombre, trous de pensées et fulgurances. Nous devenons les confident·es de cette femme libre, traversons les milieux qu’elle fréquente, ses amitiés, ses amours, ses femmes, sa ville, Paris, son temps : tout est révélé dans une écriture affûtée. Mireille Havet avoue sa personnalité extrême, son homosexualité, son goût pour la drogue, la brutalité, le voyage et l'oisiveté. Elle est de cette génération qui sait que rien ne sera plus comme avant et qui ne peut plus vivre à moitié. C’est l’esprit d'une époque mais aussi la marque d'une âme singulière, moderne et intemporelle : un "danger public", qui ne trouve ni apaisement ni repos à son frénétique besoin d’intensité.

Avec ce spectacle, le T.O.C. explore l’œuvre secrète et méconnue d’une écrivaine qui incarne et exige la liberté absolue. Le 'Journal' de Mireille Havet est un texte qui se traverse avec fascination, dont la langue n’achève jamais de dire le feu de son époque damnée, et que l'on oublie pas.

En savoir plus…

« On me présente avec le titre de poète. Un monsieur, évidemment diplomate espagnol ou portugais, me demande : « Quel genre de vers ? – Triple imbécile, un genre qui n’est pas pour toi », et j’ai envie de crier, et poliment j’explique en me peignant devant la glace ce que je pense être la poésie du monde. »
Journal, 1919

« Je suis plus orageuse que l’orage, plus sensuelle qu’un char lunaire, plus méchante et brûlante que Satan. »
Journal 1920

« Aller au-devant, rompre, ne rien admettre, détruire et rejeter tout ce qui, même de très loin, menace une seconde l’indépendance, voici mes lois. Ce n’est pas exactement une politique de conciliation, c’est exactement une révolte. Je ne mangerai pas de votre pain. Je serai abracadabrante jusqu’au bout. »
Journal, 1922

« Versailles, Jeudi 8 février, 11 heures du soir ... 1923
Hier soir, il est vrai, j'étais un mauvais ange. Ma veste de feu rose communiquait à mon cœur un éclat insolite et le goût du sortilège. J'étais possédé d'une agitation bondissante, souple et sèche comme l'électricité, et je torturais consciemment cette femme couchée, avec une insolence digne du diable. “Vous êtes le diable, disait-elle, j'ai peur. Vous me faites peur, je vais appeler au secours.”
Ne pouvant rester assise et rallumant de continuelles cigarettes, je traversais comme un éclair la pièce et montais sur les sièges et le rebord du lit. Mon emprise de terreur sur Bobby était telle que je me sentais capable d'enchantement. Sa crédulité et les succès obtenus me firent éteindre les lumières. Seule avec moi dans l'ombre, je crus qu'elle allait s'évanouir. « J'ai trop peur, disait-elle, j'ai trop peur, qu'allez-vous faire, je n'ai jamais vu un être comme vous, vous êtes en danger public, je vais appeler.» Ceci me fit réfléchir.
Un danger public. Ma différence avec tous les autres me sauta aux yeux. «Personne n'est comme vous, répétait Bobby, personne. Vous devez bien le savoir. Ce n'est plus de l'originalité, c'est pire, vous ne ressemblez à rien d'humain. »
Journal, 1923

VOIR
Le teaser du spectacle

ECOUTER
La rencontre avec Claire Paulhan [éditrice] et Emmanuelle Retaillaud (biographe )
Un extrait sonore du spectacle "Aveux"
Un extrait sonore du spectacle "J'ai trente ans"
L'émission de France Culture sur Mireille Havet

LIRE
L'article du Monde : "Mireille Havet, l'enfant perdue ressuscitée"
L'article de Libération : "La petite poyétesse"
L'article de Télérama "Mireille Havet, l'inconsolée"

Mireille Havet [de Soyecourt] (Médan, 4 octobre 1898 - Montana, 21 mars 1932) : ses amis – Paul Fort, Guillaume Apollinaire (qui l’appelait la « petite poyétesse »), Colette, Edmond Jaloux, Natalie Barney et Jean Cocteau – favorisèrent la publication de ses poèmes (dans Les Soirées de Paris, 1914 ; Le Mercure de France, 1916), de ses contes fantastiques, La Maison dans l’œil du chat (G.Crès, 1917) et un roman à clé, Carnaval (Albin Michel, 1923)… Ce qu’ils ignoraient, c’est que Mireille Havet rédigea, de 1913 à 1929, un extraordinaire et monstrueux Journal, dans lequel elle décrit sa « vie de damnation », une vie de guet et d’attente, de songe et d’outrance, une vie aimantée par son « goût singulier » pour l’amour des femmes et les stupéfiants. Le fin critique Edmond Jaloux – évoquant sa brève existence et celles de Jacques Vaché, Raymond Radiguet, René Crevel, Emmanuel Faÿ et Jacques Rigaut – les réunissait dans une même génération littéraire qui, « refusant les conditions communes du monde, se jetèrent dans une aventure de caractère absolu, qui les conduisit à une mort précoce ». [biographie rédigée par Claire Paulhan pour l'édition du Journal]

Action artistique En amont de la création de "L'Enfer préventif", la compagnie T.O.C. propose des ateliers d'écriture autour du récit de soi, pour initier les collégiens et lycéens au récit autobiographique et à la tenue d'un Journal intime. Ces ateliers pourront être des ateliers ponctuels ou réguliers. Il s'agit de donner aux élèves le gout de l'écriture, de leur faire réaliser ce que leur propre quotidien peut avoir d'extraordinaire et de susciter des envies de lecture. Des auteurs contemporains proches de la compagnie (Yannick Bouquard, Ismaël Jude) pourront être associés à ces ateliers. Le programme de français des premières générales et technologiques inclut l'étude de la poésie du XIX ème au XXI ème siècle, à travers notamment l'étude des poésies d'Apollinaire, dont Mireille Havet était une proche. Une correspondance entre Apollinaire et Mireille Havet existe et donne à entendre le dialogue entre les deux poètes.

« Je voudrais réunir toutes mes notes en un livre nommé 'L'Enfer Préventif'. Ce ne serait rien d'autre que le récit d'une vie humaine à l'âge de l'adolescence et du mariage charnel avec la vie. Quelle lutte, quel écœurement, quelles sueurs de honte et de criminel plaisir, quel goût d'encre, de sang, de poussière et de sexe. »

Représentations

ᐳ Du 24 au 27 janvier 2024 au TMB Jean Guérin
ᐳ Résidence au Théâtre d'Aubervilliers-CDN, janvier 2024
ᐳ Ouvertures public au Garage Mu, juin 2023
ᐳ Présentation de maquette à la Semaine du bizarre TMB Jean Guérin, décembre 2022
ᐳ Répétitions au Garage Mu - La Station (juin 2023), au Schauspielhaus, Zürich (mars 2022), au Théâtre Public de Montreuil (novembre 2022), au Théâtre Antoine Vitez, Ivry-sur-Seine (décembre 2022)

Production

Production Le T.O.C. | Avec le soutien de la SPEDIDAM | Résidences au Schauspielhaus, Zürich, au TPM CDN, Montreuil, au Théâtre Berthelot, Montreuil, au Théâtre Antoine Vitez, Ivry-sur-Seine, au Garage Mu La Station, Paris, au Théâtre d'Aubervilliers CDN | Photos © Bellamy