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« [...] je donnerais volontiers une goutte de mon sang pour chaque syllabe d’une lettre qui commencerait ainsi : « Mon poème est terminé. » Mais, tu le sais, qui trop embrasse, mal étreint, comme dit le proverbe. [...] Il serait en tout cas insensé de ma part de vouloir vouer plus longtemps mes forces à une œuvre qui, je dois en convenir, est trop difficile pour moi. Je m’efface devant quelqu’un qui n’est pas encore né et, un millier d’années à l’avance, je m’incline devant son esprit. [...] Je peux rire à présent, quand j’imagine un prétendant qui élève des protestations au milieu d’un tas de gens qui ne reconnaissent pas ses droit héréditaires à la couronne ; mais les conséquences que cela peut avoir sur une âme sensible, je te le jure, on ne peut les prévoir. Cette idée m’effraie. [...] Une certaine exaspération injustifiée envers ces talents tronqués s’est emparée de moi, je me fais presque penser à Minette lorsqu’elle a raison au cours d’une discussion et qu’elle n’arrive pas à s’exprimer. »
Lettre de Kleist à Ulrike Kleist, Genève 5 octobre 1803
UN GARCON (gravissant le tertre à moitié).
Regardez, regardez ! Ils ouvrent la tente !
LE VIEILLARD.
O fils aimé, le vois-tu ?
Dis, le vois-tu ?
LE GARCON.
Oui père, je le vois !
Je le vois debout au centre de la tente !
Il ajuste l’armure à sa haute poitrine !
Il pose la chaînette de grâce autour de ses larges épaules !
Sur sa grande tête, il enfonce avec force
Le casque dont l’aigrette se balance avec vigueur !
Mais regardez, ô regardez par ici ! – Le voici en personne !
Kleist, Robert Guiscard, duc des Normands