ECOUTER LA RENCONTRE SUR LES TABLES TOURNANTES
Samedi 16 février 2019 au Théâtre Berthelot de Montreuil
Avec Nicole Edelman, Chloé Maillet, Patrice Boivin et Philippe Baudouin, Muriel Malguy et Mirabelle Rousseau.
« Nous nous sommes installés dans cette maison le 11 décembre 1847. Nous avons entendu ce bruit pour la première fois, il y a environ quinze jours. On aurait dit que quelqu’un frappait le sol, dans la chambre est ; un peu comme si on avait tiré une chaise par terre. C’était le soir, et on venait de se coucher. Nous dormions tous dans la même pièce et nous avons tous entendu le bruit. La première fois que nous avons entendu frapper, nous nous sommes tous levés, nous avons allumé une chandelle et nous nous sommes mis à chercher dans toute la maison. Tout le temps qu’on cherchait, le bruit n’a pas cessé et il semblait venir toujours du même endroit. Ce n’était pas très fort mais ça faisait trembler les montants des lits et les chaises. On le sentait comme une vibration, pas comme des secousses. Le bruit a continué jusqu’à ce qu’on aille se coucher. Et depuis, toutes les nuits, on a entendu ce bruit. »
Rapport sur les bruits mystérieux entendus dans la maison de Mr John D. Fox, à Hydesville, Arcadia, Rochester, 1848
« La nuit du 31 mars, il y eut une éruption puissante et continue de ces bruits inexplicables. Cette nuit-là, on atteignit l’un des grands moments de l’évolution psychique car c’est alors que la jeune Kate Fox mit au défi la puissance invisible de répéter son claquement de doigts. La chambre rustique avec ses occupants graves, à demis vêtus, en attente, le visage tourné vers le plafond, le cercle de la lumière des bougies et les ombres lourdes tapies dans le coin pourraient bien faire le sujet d’une grande fresque historique. Le défi de l’enfant, quoique lancé d’une voix peu respectueuse, reçut une réponse immédiate. A chaque claquement de doigts répondait un coup en écho. Aussi humbles que fussent les opérateurs de chaque côté, le télégraphe spirituel fonctionnait enfin et il restait à la patience et au sérieux moral de la race humaine de décider quels seraient les usages qu’on devait en faire dans l’avenir. »
Conan Doyle, Histoire du spiritisme
« _Fais vivant ton oeuvre de fantôme. Fais la complète; compose-la de tous les philtres du mystère; remplis-la d'horreur, d'éclairs de foudre, d'écume. Jettes-y des crapauds, des serpents, des araignées, des chauves-souris, des chenilles, des scorpions, des scolopendres, les êtres immondes, les êtres rampants, les êtres maudits, pensifs, pâles, hérissés. Regarde le bouillonnement de l'ombre dans la chaudière au couvercle étoilé; allume l'immensité avec l'atome; [...] Jésus-Christ n’a ressuscité qu’une fois ; toi tu peux emplir ta tombe de résurrections, tu peux, si mon conseil te semble bon, avoir une mort inouïe ; tu diras en mourant, vous me réveillerez en 1920, vous me réveillerez en 1940, vous me réveillerez en 1960, vous me réveillerez en 1980, vous me réveillerez en l’an 2000. Tu t’endormiras dans l’anxiété universelle ; ta mort serait un formidable rendez-vous donné à la lumière et une formidable menace jetée à la nuit. »
Procès verbaux de Jersey, 1854
« Je ne suis ni spirite, ni médium, j’ai juste des « trucs » d’une grande simplicité ».
Edouard Buguet, à son procès, juillet 1875
Rien n'est plus rare, sur notre planète, que l'indépendance et la liberté absolue d'esprit ; rien n'est plus rare, non plus, que la véritable curiosité scientifique, dégagée de tout intérêt personnel. La généralité des lecteurs diront : "Qu'y a-t-il là d'important? Des tables qui se lèvent, des meubles qui remuent, des fauteuils qui se déplacent, des pianos qui sautent, des rideaux qui s'agitent, des coups frappés sans cause connue, des réponses à des questions mentales, des phrases dictées à l'envers, des apparitions de mains, de têtes ou de fantômes, ce sont là des banalités ou des fumisteries indignes d'occuper l'attention d'un savant. Et qu'est-ce que cela prouverait, si même c'était vrai? Ça ne nous intéresse pas." Il y a des gens sur la tête desquels le ciel pourrait tomber sans les émouvoir. Je répondrai : Quoi, n'est-ce rien de savoir, de constater, de reconnaître qu'il y a autour de nous des forces inconnues ? N'est-ce rien d'étudier notre propre nature et nos propres facultés? De tels problèmes ne méritent-ils pas qu'on les inscrive au programme des recherches et qu'on y consacre des heures attentives ? Sans doute, personne ne sait gré de leurs efforts aux chercheurs indépendants. Mais qu'est-ce que cela fait ? On travaille pour le plaisir de travailler, de scruter les secrets de la nature, de s'instruire. Lorsqu'en observant les étoiles doubles à l'Observatoire de Paris et en cataloguant ces couples célestes, j'ai établi, pour la première fois, une classification naturelle de ces astres lointains lorsque j'ai découvert les systèmes stellaires composés de plusieurs étoiles emportées dans l’immensité par un mouvement propre commun ; lorsque j'ai étudié la planète Mars, et comparé toutes les observations faites depuis deux cents ans, pour obtenir à la fois une analyse et une synthèse de ce monde voisin; lorsqu'on examinant l'effet des radiations solaires, j'ai créé la nouvelle branche de physique à laquelle on a donné le nom de radioculture, et fait varier du tout au tout les dimensions, les formes et les couleurs des plantes; lorsque j'ai découvert qu'une sauterelle vidée et empaillée n'est pas morte, et que ces orthoptères peuvent vivre quinze jours après avoir eu la tête coupée ; lorsque j'ai planté dans une serre du Muséum d'histoire naturelle de Paris un chêne ordinaire de nos bois (quercus robur) en pensant que, soustrait aux saisons, il aurait constamment des feuilles vertes (ce que tout le monde peut constater), etc., etc., j'ai travaillé pour mon propre plaisir ce qui n'empêche pas ces études d'avoir été utiles à l'avancement des sciences et d'être entrées dans le domaine pratique des spécialistes. Il en est de même ici.
Camille Flammarion, Les Forces naturelles inconnues