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« Forme performative, L'Auto-T.O.C. révèle dans une succession d'anecdotes potaches et de prises de paroles inopinées les caractères de ce collectif et des individualités qui le composent. Et entre les tentatives de structuration a posteriori de son histoire, la forte autodérision et les multiples digressions, des problématiques bien réelles apparaissent : le fait de jouer gratis pour espérer pouvoir jouer payé ; les logiques de coproduction et de diffusion à l'oeuvre dans les circuits du théâtre public ; les pressions que ces logiques exercent sur les artistes ; l'attente de discours spécifiques de la part des institutions. Autant de contraintes qui s'exercent dans une précarité croissante pour nombre de compagnies. Alors si L'Auto-T.O.C. pointe avec intelligence et humour certains mécanismes à l'oeuvre dans l'institution théâtrale, tout ce qu'on peut souhaiter est que la forme alerte plus qu'elle n'amuse les responsables de structures. Et que plutôt que de programmer à leur tour L'Auto-T.O.C., ils fassent, surtout, le choix d'aider l'équipe à défendre ses projets sur le long terme. »
Caroline Châtelet, Revue Agon, Les deux faces du T.O.C.
En 2009 le TOC avait créé le buzz à Avignon avec un pétillant Turandot, que nous avions salué dans ces mêmes colonnes. Les pierres des murs ancestraux de la Fabrik Théâtre avaient résonnées des cinglantes paroles de Brecht, le théâtre n’avait pas désempli pendant un mois, et le TOC avait frappé les esprits, laissant sa marque dans le Festival, après Vilar, Vitez, Jan Fabre et Castelluci. Cette année, la compagnie, qu’on dit en déficit, étranglée par des problèmes d’avance de trésorerie, et donc probablement contrainte par un budget restreint, a opté pour un format plus économique, sans décor, sans costumes, et disons le tout net : sans théâtre. L’autotoc, c’est un colloque du TOC sur le TOC. Par-delà la tautologie, que souhaite nous dire ce collectif de jeunes gens qui a su si bien se singulariser et faire parler de lui ces derniers temps ? Spectacle gratuit, oui, mais à quel prix ? Donnez leur un texte ! Successions de séquences inaudibles, alternant entre le genre potache et le colloque de seconde zone, l’AutoT.O.C. s’enferre dans une démarche nihiliste dont la compagnie ne pourra pas sortir indemne. Faire part de décès ? Spectacle suicide ? Dans ce fatras post-moderne, la distribution, inégale, nous séduit malgré tout par la finesse et la drôlerie de Nicolas Chartier et Matthias Tirbig ; Grégoire Kachnatian nous émeut par ses folles facéties. On se souviendra moins d’Estelle Lasage et d’Emilie Paillarde. Quand à Mirabelle Trousseau et Muriel Mlaguy, visiblement non comédiennes, elles rivalisent de coquetteries et de complaisance.
Germaine Roular, pour France Provence